"Je veux être le haut-parleur des quartiers populaires"

"Je suis une contradiction à moi tout seul", plaisante Tarek Mouadane. Car oui, on peut être jeune des quartiers populaires et avoir été proche de l’UMP... En 2005, les banlieues françaises s’embrasent et Nicolas Sarkozy, en visite à Argenteuil, promet aux habitants qu’il va les débarrasser de la "racaille".  Tarek est là, à quelques mètres, et engage avec celui qui est alors ministre de l’Intérieur un débat sur le logement, l’éducation, la crise identitaire. Une semaine plus tard, le jeune homme est invité au ministère de l’Intérieur : Tarek Mouadane le politique est né.  En 2006, il crée l’association Bleu Blanc Rouge - où il tente de mettre en contact des jeunes de la cité avec des recruteurs d' entreprises. Et en 2007 il se mêle à l’équipe de campagne de Nicolas Sarkozy. Mais cinq ans après, le constat est amer : "Bien sûr que je suis déçu", explique le jeune homme. "Mais si c’était à refaire, je le referais. Sauf que cette fois je demanderais des garanties !"

 

 

 

 

"Je suis l’élection présidentielle de très près. Et je vois que la campagne se fait sans nous. Les politiques ont abandonné la banlieue", accuse Tarek. Et le jeune homme d’ajouter : "Je veux être le haut-parleur des quartiers populaires. Nous irons voir les politiques et nous nous ferons entendre dans les médias pour qu’enfin on écoute ce que les banlieues ont à dire". Mais échaudé par son expérience avec l’UMP, Tarek ne veut plus s’engager sous une étiquette politique. Une liberté qu’il a d’ailleurs toujours revendiquée : "Je n’ai jamais été encarté dans un parti. Je ne veux pas qu’on puisse me museler", explique-t-il.

 

 

 

 

"Il faut remettre de l’humain dans nos quartiers", explique Tarek. Logement, éducation, emploi : tout est à faire dans les banlieues. Ainsi, à Argenteuil, le taux de chômage frôle les 30 % dans certains quartiers. Pour Tarek, il faut mettre un grand coup de pied dans le système éducatif pour qu’enfin les jeunes des quartiers puissent accéder aux grandes écoles. "Il faut faire en sorte qu’un jeune du collège d’Argenteuil puisse devenir quelqu’un", assène -t-il.

 

 

 

 

Ce qui hérisse au plus au point Tarek, ce sont les clichés en tous genres qui courent sur la banlieue : "Dans  la cité, il y a toutes sortes de gens différents. Des Beurs, des Blacks, des Blancs, des gens qui votent à droite, des gens qui votent à gauche… " Et, enrage le jeune homme, "il y a aussi des gens dont les médias ne parlent jamais, des gens qui veulent s’en sortir ; il n’y a pas que des dealers en banlieue".

 

 

 

 

Parmi les autres clichés véhiculés sur la banlieue, Tarek ne peut s’empêcher de glisser : "On fait miroiter à nos jeunes qu’ils peuvent tous devenir des Zidane ou des Jamel  Debbouze et c’est une grosse erreur". Et de critiquer des personnalités trop lisses, loin de leurs banlieues d’origine et qui n’en font pas assez "alors qu’ils en ont le pouvoir". Tarek, lui, à n’en pas douter, aime sa ville d’Argenteuil. Pas question pour lui d’en partir. Il vient d’ailleurs d’acheter un magnifique loft, coincé entre deux cités. Une façon pour lui de montrer qu’on peut réussir dans la vie sans quitter pour autant la banlieue.

 

 

 

 

Ce que redoute le plus Tarek, c’est l’arrivée du Front national dans les quartiers populaires. A force d’être délaissée, la banlieue pourrait, selon le jeune homme, se tourner vers l’extrême droite. "Et l’autre danger, c’est le peu d’inscrits sur les listes électorales dans les quartiers populaires alors qu’on a tellement besoin de faire entendre notre parole", conclut Tarek.

 

 

 
 
 
Crédit photo : Julie Kara
 

 

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