"Il faut que l'Union européenne devienne une réalité"

La pâtisserie, c’est comme la politique : un art qui demande de la persévérance… A Lisbonne, au Portugal, Béatrice Dupasquier, jeune femme au caractère bien trempé, a ouvert "La Praline", un atelier un peu particulier où elle fabrique tartelettes au citron, Paris-Brest, gâteaux aux allures un peu folles mais aussi croissants, baguettes et tout ce qui peut se déguster en matière de "French touch" sucrée. Béatrice a quitté la France en 1997. Après Londres, Melbourne et Rio de Janeiro, elle a fini par poser ses valises à Lisbonne, "pour toujours" jure-t-elle.  Expatriée, oui, mais "Française avant tout" revendique-t-elle. Béatrice suit donc la campagne présidentielle à distance, à travers la radio et les journaux. "Voter est un devoir très important pour moi", explique la chef pâtissier.

 

Mais d'ajouter : "Quel que soit le candidat élu, mon quotidien ne changera pas". La jeune femme fait toutefois une différence entre les expatriés qui travaillent pour une entreprise française et qui sont donc plus concernés par la politique hexagonale que les Français de l’étranger qui, comme elle, ont créé leur propre entreprise en dehors des frontières françaises.

 

 

 

 

Si Béatrice devait demander une chose au nouveau président de la République, ce serait de faire de l’Union européenne quelque chose de concret. En tant que résidente française au sein d’un pays européen, la chef pâtissier déplore les complications administratives et les frontières "pas si ouvertes que ça".  Refaire sa carte d’identité, acheter un appartement à Lisbonne, importer une voiture… Pas si facile. Sans compter les taxes sur les transferts d'argent. "L’Union européenne était une belle idée il y a vingt ans. Mais aujourd’hui, je ne vois pas grand-chose de concret dans mon quotidien."

 

 

 

 

L’ambassade de France à Lisbonne sensibilise les Français qui vivent au Portugal pour qu’ils s’inscrivent sur les listes électorales. Des politiques ont fait le déplacement, comme Alain Juppé au début du mois de janvier. Les expatriés, un électorat à draguer ? Oui selon Liberation.fr et Rue89.com qui affirment que  des  Français vivant à l’étranger ont reçu des mails, soit de l’UMP, soit avec l’en-tête "La France forte", slogan de Nicolas Sarkozy, adressés directement par le candidat à ses "chers amis" et renvoyant au site de campagne Lafranceforte.fr. Nicolas Sarkozy, qui a instauré la députation pour les Français de l'étranger (voir encadré ci-dessous), se positionne donc clairement comme le candidat des expatriés. Béatrice trouve l'idée d'avoir un représentant à l'Assemblée nationale séduisante. Mais n'est pas complètement convaincue.

 

 

 

 

Pour la chef pâtissier, l'essentiel est ailleurs... Si elle est très attachée à sa nationalité française et refuse de s'en défaire, elle souhaiterait pouvoir voter au Portugal, là ou elle vit, là où les décisions politiques ont un réel impact sur son quotidien. "Ce sont les décisions que prend le gouvernement portugais sur la crise qui affectent ma vie au jour le jour", explique-t-elle.

 

Elle qui se dit "immigrée" ne peut s'empêcher de transposer sa situation aux étrangers qui vivent en France. Et se demande donc pourquoi les étrangers qui vivent dans l'Hexagone ne pourraient pas voter à l'élection présidentielle. Une révolution qui n'est pas prête d'arriver: si le débat - houleux - existe en France, il ne concerne que les élections locales. Le Sénat a bien adopté, jeudi 8 décembre 2011, une proposition de loi de la nouvelle majorité de gauche accordant le droit de vote aux étrangers non communautaires aux municipales. Mais la mesure votée n'a qu'une valeur symbolique puisqu'elle n'a aucune chance d'être adoptée : ayant été amendé, ce texte constitutionnel devra en effet retourner à l'Assemblée nationale pour être voté. Celle-ci étant majoritairement à droite, le texte n'a aucune chance d'être accepté.

 

"Vivre à l'étranger permet d'avoir une vision différente, explique Béatrice. Je n'aimerais pas que l'on me fasse à moi immigrée au Portugal ce que l'on fait aux immigrés en France."

 

 

 

 

 

Pour l’élection présidentielle, rien de neuf sous le soleil pour les un million et demi de Français qui vivent à l’étranger. Par contre, ils pourront voter pour la première fois en juin 2012 aux élections législatives. En effet, jusqu'ici, faute de représentant au Parlement, les législatives ne leur étaient pas ouvertes. Mais désormais le monde a été découpé en 11 régions et il y aura donc 11 députés chargés de représenter les Français expatriés (voir le tableau des circonscriptions en cliquant ici).

 

 

 

 

Infographie interactive :

 

Vote des francais de l’étranger en 2007

 

Retrouvez tous les billets de "Si j'étais président..." en cliquant ici.

 

Crédit photo : Julie Kara

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