Costume sombre et chemise bleu clair, Martin Gaillard a la petite trentaine. Le jeune cadre parisien refuse de se présenter comme un militant de la cause gay – "militant, c'est un peu trop fort" dit-il dans un sourire -, mais ne cache ni ses orientations sexuelles ni son ardente envie de défendre les droits des gays.  "Il est temps qu’il y ait  une vraie égalité entre tous les Français", assène-t-il. Conscient que les enjeux économiques risquent de prendre le pas sur les sujets sociétaux, Martin suit malgré tout la campagne et déplore que tous les candidats ne se soient pas encore déclarés.

"Les lesbiennes, gays, bisexuels et transidentitaires ont encore beaucoup de droits à acquérir", explique Martin qui espère que le prochain président de la République accordera le droit de se marier aux homosexuels ainsi que le droit d’adopter.  "Ma vie serait totalement changée si je pouvais me marier avec mon compagnon", explique le jeune homme. En couple depuis plusieurs années avec un New-Yorkais, Martin se retrouve dans une situation ubuesque : le mariage gay étant autorisé à New York, il pourrait y vivre maritalement avec son compagnon et adopter des enfants en toute légalité, ce qu’il ne peut pas faire à Paris où il réside avec son ami.

La plupart des candidats de gauche se sont déclarés en faveur du mariage gay, à l’inverse des candidats de droite. Y a-t-il un électorat gay pour autant ? Les candidats vont-ils chercher à draguer les électeurs homos ? "Difficile à savoir", répond Martin.

A la mi-janvier, le quotidien "Libération" révélait que "Nicolas Sarkozy pourrait défendre un projet d’union civile pour les homosexuels, c’est-à-dire un mariage qui assurerait l’égalité des droits fiscaux, successoraux, patrimoniaux mais n’ouvrirait pas le droit à la filiation". Une information démentie le lendemain par la porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse. Ce qui a fait dire à Jean-Luc Romero, ex-UMP et défenseur des droits des homosexuels, qu’"un gay qui vote pour la droite, c’est comme une dinde qui vote pour Noël". "Ce n’est effectivement pas à droite qu’on va obtenir l’égalité du droit au mariage pour les couples de même sexe", conclut dans un rire Martin. Après une longue minute de silence, le jeune homme ajoute, un brin amer : "Tout le monde n’est pas encore prêt à nous accorder l’égalité des droits."

POUR LE MARIAGE GAY :

François Hollande. Le candidat du PS est pour le mariage gay, mais aussi pour l'ouverture du droit à l'adoption aux homosexuels. Il aime rappeler que c'est lui qui a fait inscrire la proposition du mariage pour les homosexuels dans le programme du PS de la présidentielle de 2007.

Eva Joly. La représentante d'Europe Écologie–Les Verts, qui a participé à la Gay Pride en juin 2011, promet, en cas de victoire à la présidentielle, de faire voter une loi autorisant le mariage gay. Pour mémoire, le Vert Noël Mamère, maire de Bègles, avait été le premier à procéder à l'union de deux hommes en 2004. Le mariage avait finalement été suspendu.

Jean-Luc Mélenchon. Le fondateur du Front de gauche est un défenseur de longue date des droits des homosexuels. En 1990, il avait été le premier à faire une proposition de loi créant une union civile pour les couples de même sexe. Il participe régulièrement à la Gay Pride.

Dominique de Villepin. C'est le seul candidat de droite à défendre le mariage gay. L'ancien Premier ministre s'est prononcé en sa faveur au nom de "l'égalité des citoyens devant le droit".

Nathalie Artaud. Lutte ouvrière prône la liberté d'union pour les hétéros comme pour les homos. "Je pense que la loi doit évoluer avec les mœurs de la société", déclarait Nathalie Artaud en 2009.

Philippe Poutou. Si le candidat ne s’est pas encore exprimé sur le sujet, le Nouveau parti anticapitaliste défend l'égalité totale des droits et réclame le droit au mariage, à l'adoption et même à la procréation médicalement assistée pour les homosexuels.

                                     CONTRE LE MARIAGE GAY :

Nicolas Sarkozy. Le président de la République fait la girouette. En 2007, il avait esquissé un début de promesse d'union civile, avant de revenir sur ses pas. Et a tout l’air de vouloir rejouer le même air à l’occasion de la présidentielle de 2012.

Marine Le Pen. La candidate du Front national est sans aucun doute la personnalité politique la plus farouchement opposée au mariage gay. En juin 2011, au micro de France Inter, elle avait même comparé le mariage homosexuel à la polygamie.

François Bayrou. Pour le président du MoDem, "le mariage, c'est l'union d'un homme et d'une femme". Il reste cependant favorable à une union civile, dont les droits comme les devoirs seraient similaires à ceux du mariage.

Christine Boutin. Le Parti chrétien démocrate, dont l'électorat est très majoritairement catholique, est totalement opposé au mariage de personnes du même sexe.

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Crédit photo : Sophie Pilgrim